Aimez-vous Bossuet ?

Aimez-vous Bossuet ?

Le 12 avril nous célébrons le tricentenaire de la mort, à Paris, de Jacques Bénigne Bossuet.
Un calembour de ses camarades du collège des jésuites de Dijon (ville où il était né le 27 septembre 1627) illustre son extraordinaire capacité de travail : Bos suetus aratro (un boeuf accoutumé à la charrue). Ce qui rapproche le bourguignon Bossuet du napolitain Thomas d'Aquin, surnommé le boeuf muet. Rapprochement valable pour la comparaison animale (c'est à dire la puissance de travail) mais non quant au qualificatif car, loin d'être muet, Bossuet fut le plus grand orateur de son temps.

A la suite du concile de Trente, l'institution des séminaires se développe lentement puis s'accélère (entre 1642 et 1660 on assiste en France à une quarantaine de fondations). L'institution se réalise par étapes. Au début les clercs se préparant aux ordres majeurs (sous-diaconat, diaconat et pretrise) faisaient une retraite (variant de quinze jours à trois mois) dans une maison religieuse spécialisée, où ils recevaient une formation rapide au ministère. A Paris de telles retraites étaient organisées dans la maison Saint Lazare sous la direction de Vincent de Paul. C'est là que Bossuet vint se préparer au sacerdoce. Il fut ordonné prêtre le16 mars 1652. PLus tard, il y préparera lui même les futurs prêtres. Et c'est au contact de "Monsieur Vincent" qu'il va apprendre à parler de Jésus-Christ avec le cœur autant qu'avec l'esprit, à prêcher l'Evangile avec la simplicité de l'Evangile.

L'éloquence au service de la foi. Il existe une vérité que Dieu a révélée, inscrite dans la Sainte Ecriture, garantie par les miracles. L'Eglise est la gardienne de cette vérité révélée et elle a mission de la communiquer intégralement aux hommes. Ainsi écrit-il, en 1689, dans le premier avertissement aux protestants : "L'Eglise de Jésus-Christ, soigneuse gardienne des dogmes qui lui ont été donnés en dépôt, n'y change jamais rien; elle ne diminue point; elle n'ajoute rien... Tout son travail est de polir les choses qui lui ont été anciennement données."
Depuis son enfance jusqu'à ses derniers jours, Bossuet a aimé la Bible.Elle ne le quittait jamais. Et il avait souvent recourt aux Pères de l'Eglise parce que ceux-ci avaient conservé et expliqué la vérité reçue.

Dans l'oraison funèbre d'Anne de Gonzague il prononce des paroles qui demeurent parfaitement d'actualité : "Ne croyez pas que l'homme ne soit emporté que par l'intempérance des sens : l'intempérance de l'esprit n'est pas moins flatteuse... Ce superbe croit s'élever au-dessus de tout et au-dessus de lui-même, quand il s'éléve, ce lui semble, au dessus de la religion qu'il a si longtemps révérée; il se met au rang des gens désabusés; il insulte en son coeur aux faibles esprits qui ne font que suivre les autres sans rien trouver par eux-mêmes; et, devenu le seul objet de ses complaisances, il se fait lui-même son dieu".

Abbé Pierre Molin

RETOUR