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Saint Camille de Lellis, fondateur de l'ordre
La vie de Camille de Lellis se déroule au cours de la seconde moitié du 16ème siècle et au début du 17ème. La toile de fond de son action est la Rome du cinquecento et plus largement lItalie, morcelée en une multitude de principautés ou de républiques. Alors que lEurope réussit à repousser les invasions turques, certains états italiens subissent la domination étrangère des Espagnols et des Français. La culture et lart vivent la transition de leuphorie de la renaissance à la période baroque. |
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"Rappelez vous que les malades sont la pupille et le cur de Dieu
et que ce qui est fait à ces pauvres est fait à Dieu". Saint Camille de Lellis La compagnie sagrandit. Camille et les siens prirent du service dans lhôpital du Saint-Esprit, mais ils se mirent aussi à rechercher les malades et les pauvres dans les quartiers et les taudis de la Ville. Lorsqu en 1590 une famine éclata à Rome, les servants des Malades se dépensèrent pour secourir toutes les nécessités. Le pape Grégoire XIV en fut dans ladmiration et décida dériger la congrégation en Ordre des Serviteurs des Malades. Ce nest pas tout. Lorsquune armée partait pour une campagne de guerre, Camille envoyait ses compagnons porter la croix rouge sur les champs de bataille. Lorsquune épidémie éclatait dans une ville, il accourait avec les siens pour soigner les pestiférés. Mais surtout, lhôpital fut sa maison pendant quarante ans. Ce fut là lécole où il forma des centaines de jeunes au service de la charité, par son exemple et par ses enseignements précieux contenus dans ses règles pour servir les malades en toute perfection. Un code dassistance sanitaire qui fut mis en application dans divers hôpitaux dItalie. Dautres papes ont rappelé que Camille a été exemplaire dans le monde de la santé: Léon XIII la déclaré patron des hôpitaux et des malades, Pie XI la proclamé patron des infirmiers et Paul VI en a fait le protecteur particulier du service de santé militaire italien. |
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1. Réforme de la notion de "malade" Au temps de Camille, à Rome comme ailleurs, lhôpital etait lultime refuge pour les désespérés. Alors que les riches ou les personnes aisées étaient soignées dans leur maisons par des médecins privés, lhôpital accueillait des pauvres de tous genres, abandonnés, vagabonds, personnes affamées et amaigries, ainsi quune marée de malades contagieux refusés par la société. Et lorsque ceux-ci ne pouvaient pas ou ne voulaient pas se rendre à lhôpital, ils restaient dans leurs misérables habitations; ou bien, lorsquils nen avaient pas, ils se réfugiaient dans les "grottes romaines, cest-à-dire dans les anfractuosités des ruines de lantiquité classique ou sous les arches de laqueduc de la campagne romaine. La société de la Renaissance les ignorait, les considérait comme les derniers et les tenait en marge. Saint Camille les recherchait; il les assistait et en faisait "les premiers" dans un sens absolu. "Servir les pauvres malades, enfants de Dieu et mes frères". Pour saint Camille, le malade est vraiment un "homme", un homme concret, un homme pauvre, pauvre de biens, mais surtout pauvre du bien quest la santé. Dabord il "voit" cet homme, et ensuite il "discute" sur ses droits. Les "droits du malade" ne sont pas, pour lui, des principes théoriques imprimés dans les constitutions ou dans les lois, mais ce sont des "nécessités concrètes" qui exigent une réponse de la part de ceux qui sont auprès du malade. La vision chrétienne enrichit mais ne brouille pas la perception humaine intégrale du malade comme homme, de lindividu qui, même dans sa pauvreté et son infirmité, garde toujours une "dignité" unique que lon ne peut pas supprimer. Cest au service de cet homme que Camille a consacré sa vie. |
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2. Réforme de lassistance auprès des malades Il se consacre naturellement à "tout" lhomme, pas seulement à sa "maladie". Camille a compris que cest lhomme tout entier qui entre à lhôpital: il ne laisse rien dehors, ni de sa personne ni de sa personnalité; il amène quelques loques, mais aussi son âme libre et immortelle. Cest ainsi quil institua son ordre religieux "avec deux ailes", comme il disait, pères et frères, dégale dignité, dans des services distincts et complémentaires, qui retrouvaient leur unité du fait de lunicité de la personne du malade. Mais ceci, la médecine psychosomatique moderne la compris elle aussi, au moins en théorie! Ce quil convient surtout de faire ressortir ici, cest le caractère de service total que Camille a imposé par rapport à la personne humaine, même dans le seul domaine de lassistance que nous appelons corporelle ou de soins médicaux: il a fixé immédiatement des règles pour répondre à toutes les nécessités de la personne, en ne réduisant pas cette assistance à des prestations cliniques essentielles mais en les étendant à toutes les exigences que le personel soignant dalors - et peut-être aussi celui daujourdhui - aurait pu être porté à négliger. Lorsque, par exemple, Camille recommande de veiller à la propreté de la bouche et des dents des malades, lorsquil indique la manière de bien faire le lit, lorsquil écrit aux responsables dun hôpital pour demander que lon donne à chaque malade des tricots de laine ou une robe de chambre contre les rigueurs du froid, lorsquil recommande sur tous les tons lhygiène dans lenvironnement, il est clair que Camille vise à offrir au malade une "maison", un accueil et une assistance convenable, on pourrait dire familière, qui le soulage des désagréments et lui enlève la sensation dêtre devenu un objet hors dusage. Lhôpital doit être la maison de l"hospitalité", avec toute lépaisseur classique et chrétienne que comporte ce mot. |
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Mais quen est-il des services qui étaient fournis alors dans les hôpitaux romains? Saint Camille sen était rendu compte lorsque, comme il a été dit plus haut, il était entré à Saint Jacques des Incurables pour soigner une plaie à la jambe dont il souffrait depuis des années et qui lavait empêché de revêtir la bure franciscaine. Cette plaie qui ne guérissait pas le cloua à lhôpital. Il observa autour de lui et décida en premier lieu de se mettre volontairement au service de ses frères. Il y en avait de toutes les catégories, et il choisit les plus négligés: les malades atteints du typhus, de maladies vénériennes ou de la peste. Son empressement et son dévouement suscitèrent lestime des administrateurs qui bientôt le nommèrent "maître de maison", cest-à-dire... directeur sanitaire et administratif ainsi que responsable de lensemble du personnel ! |
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